La France en dix leçons
#critiques

Le Non-Dit, janvier 2015

Le professeur Jacques Goyens est amoureux de la France ! Tout en lui le rattache autant aux événements qu’à « l’esprit français» : « Et quand je parle de l’esprit français, encore faut-il considérer que le génie propre d’un peuple tient non seulement à ces symboles majeurs que sont par exemple la langue ou le régime politique, mais aussi à ces petits détails anodins en apparence qui différencient les citoyens d’un État par rapport à ses voisins. » Et l’auteur, pointilleux dans la collecte des signes, est également soucieux de ne pas enfoncer des portes ouvertes : « Mon propos étant de sortir des sentiers battus … » Le lecteur sera donc ravi d’emprunter le chemin des écoliers dans un pays qui entretient avec les Belges des rapports singuliers, souvent profonds et volontiers ébouriffés!

La touche personnelle de l’auteur est bien lisible. Sa « neutralité» ne l’empêche pas d’observer des comportements en voisin et d’orienter ses trouvailles. Ainsi, dans le registre de l’humour, il épingle volontiers une phrase moins connue d’un Coluche parfois plus fin dans ses citations: « Quand je vois un mec qui na pas de quoi bouffer, ça me fait penser à un crocodile qui se présente dans une maroquinerie. » Bien vu. Les jeunes, la pauvreté, les retraités …

Comment les Français sont-ils perçus dans leur propre pays ? D’où leur vient cette passion des châteaux? Quelle place réservent-ils à la culture? Esprit curieux, Jacques Goyens trouve dans l’essai la forme la plus appropriée à ses investigations-passions. L’auteur déploie la carte du pays tant aimé, il en relève les frontières naturelles, les régions, les richesses.

On peut s’accorder sur l’inventaire et diverger peut-être sur la spécificité des exemples. Qu’importe après tout, la manne est passionnante et son ingestion, passionnelle! On suit le guide en s’arrêtant ici sur un élément historique, là sur un choix d’humeur. L’homme ne manque pas d’audace: La France en dix leçons, quel défi ! Mais aussi quel bonheur de partir en sa compagnie! La forme du « covoiturage littéraire » nous invite au souvenir, aux itinéraires décalés, à la rêverie : plus que jamais, la Marseillaise nous souffle des accords bienveillants …

Michel Joiret

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