Une Europe, des régions
#Addendum

Au moment d’envoyer la maquette de cet essai à l’impression, des événements d’une extrême gravité se déroulent en Europe orientale : l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Au-delà des considérations légitimes sur les horreurs de la guerre, cette situation appelle plusieurs remarques dans le cadre de cet ouvrage et de son objectif : la construction européenne et le rôle des régions.

Dès le début des hostilités, on a assisté à un sursaut des Institutions européennes dont on doutait jusqu’à présent de l’efficacité. Au cinquième jour des combats, des mesures sont déjà prises en vue de paralyser financièrement et économiquement l’envahisseur. Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission, Charles Michel, Président du Conseil de l’Europe et Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen ne se sont pas contentés de belles paroles. Ils ont réussi à faire l’unanimité des vingt-sept pays de l’Union européenne pour exercer une pression immédiate sur le maître du Kremlin et assister les Ukrainiens sans pour autant intervenir militairement dans le conflit. Josep Borrell, Vice-Président de la Commission, a même parlé de la Naissance de l’Europe. Si cela se confirme, il s’agit là d’un changement radical qui contraste avec des décennies de lenteur bureaucratique. Accessoirement cet épisode met en lumière l’attractivité de l’Europe : Volodymyr Zelensky, Président de l’Ukraine, a saisi l’occasion pour introduire une demande d’adhésion à l’Union européenne.

La deuxième remarque concerne le régionalisme. S’il est toujours vrai que l’union fait la force, il ne faut pas pour autant oublier que l’ignorance, voire le mépris des particularismes régionaux, constitue le ver dans le fruit des Nations. En Europe occidentale, nous semblons découvrir que l’Ukraine est peuplée non seulement d’Ukrainiens, mais aussi de minorités russophones. Pourtant la guerre y sévit depuis 2014. À deux mille kilomètres de chez nous, nous n’étions pas concernés. La guerre ne sera jamais un moyen légitime de régler les conflits, mais sans doute eût-il fallu prêter plus d’attention à ce régionalisme des Républiques séparatistes de Louhansk et Donetsk.

Ma dernière réflexion concerne le peuple russe. Aujourd’hui la perspective d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural s’éloigne. C’est ce que j’ai voulu évoquer en incluant Saint-Pétersbourg dans la sélection des régions. Car le peuple russe est aussi une victime de ce conflit. Il ne subira pas les bombardements et l’exode de population auxquels nous assistons par media interposés, à Kiev ou Khirkov, mais il n’en est pas moins l’ennemi qu’il faut punir d’une façon ou d’une autre. Hélas ! Le responsable ne sera pas inquiété, c’est le propre des régimes autoritaires dont Vladimir Poutine est un digne représentant, le dernier avatar de l’impérialisme, qui n’a cessé de gangréner l’Europe depuis l’aube de son Histoire.

Il reste à espérer que ce conflit prenne rapidement fin et que les responsables de l’équilibre du monde tirent la leçon de cet échec.

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